Cadre général du colloque

Il existe des domaines de la science, en particulier dans les sciences sociales, où l’hybridité des connaissances est nécessaire pour appréhender les phénomènes sociaux, des plus anciens aux plus récents. Les recherches sur la ville n’en font pas l’exception : elles s’étendent de l’analyse économique structurelle globale et transnationale à l’étude ethnographique, qui révèle la spécificité, le caractère unique, et la (re)production des phénomènes sociaux. À l’instar d’autres domaines de recherche, les études urbaines doivent être situées, ou multisituées, dans l’espace et dans le temps. 

Ce colloque international vise à identifier, depuis une perspective comparative et située, la recherche urbaine centrée sur les pratiques, les politiques et la production des villes latino-américaines.

Le contexte latino-américain constitue un exemple particulièrement intéressant de production scientifique liée à la ville. Dans les années 1950 et 1960, dans le cadre de la sociologie de la modernisation et du développement, des travaux remettent en question les inégalités urbaines et leur lien avec la reconfiguration des classes, les phénomènes migratoires nationaux et la pauvreté urbaine urbains (Germani, 1959; Morse, 1965; Magin, 1967; Turner, 1977). Au début des années 1980, ces études se sont cristallisées par les analyses de Gino Germani sur la marginalité et la pauvreté urbaine (1980).

Au cours des années 70 et 80, des recherches néomarxistes se sont développées, très influencées par la « nouvelle sociologie urbaine française » (Duhau, 2012), les programmes d’ajustement structurel et la néolibéralisation des politiques urbaines par le Fonds monétaire international. En effet, en 1972, Henri Lefebvre s’est rendu à Santiago du Chili et à Caracas, Venezuela, pour donner la conférence « La bourgeoisie et l’espace », qui dénote l’influence du philosophe français en Amérique latine. Les chercheurs produisent, dans ce contexte, des réflexions sur le capitalisme (Pradilla, 1987), la dépendance (Quijano, 1972), les mouvements sociaux (Castells, 1973), le rôle de l’État (Schteingart, 1989), l’informalité et la transformation du la ville (Carrion, et.al, 1986), entre autres.

Au début des années 1990, et après les années 2000, de nouvelles recherches émergent et se consolident. Elles coïncident avec le passage des économies centralisées à la mondialisation des économies nationales. La pression des organisations internationales pour la « formalisation » et l’« hygiénisation » des villes atteint un tel point que de grands programmes d’urbanisation ont été créés pour éliminer ou réduire tout ce qui est associé à l’informalité et à l’associativité des classes populaires (populations callampas, les colonies, les bidonvilles, les favelas, etc.). Au cours de cette période, les chercheurs se sont également focalisés sur les inégalités d’accès aux services de base comme celui de l’eau potable. Ils étudient particulièrement les modèles de gestion de ces services, et notamment leur privatisation (Fournier 2001). Ultérieurement, c’est la production d’inégalités en ce qui concerne les aménités environnementales et paysagères, comme l’accès aux espaces verts dans les villes, qui a fait l’objet d’un intérêt particulier (Emelianoff 2006). Dans ce sens, de nombreux travaux se sont interrogés sur les problèmes de pollutions et particulièrement sur la gestion des déchets et les politiques de transports (Durand 2011). De ce fait, les études sont de plus en plus interdisciplinaires et diverses : catastrophes et risques socio-environnementaux (Maskrey, 1993), violence et sécurité urbaine (Machado da Silva, 2008), mobilité résidentielle (Di Virgilio, 2011), mobilité urbaine quotidienne (Jirón et Mansilla, 2013), la ville et les politiques néolibérales (Hidalgo et Janoschka, 2014; Imilan et al., 2016), l’action et l’inaction de l’État (Ruiz-Tagle et al., 2016), la gentrification et déplacement (Lopez et al., 2014; Janoschka, 2016), les conflits socio-environnementaux en contexte urbain (Aliste y Stamm 2015) ségrégation résidentielle (Sabatini et al., 2001), vie et culture urbaines (Albó, 2006), pour n’en nommer que quelques-uns.

Aujourd’hui, de nombreuses recherches associent différentes échelles et variables d’analyse, positions théoriques et ressources méthodologiques. Face aux transformations des dernières décennies (problématiques environnementales, nouvelles technologies de la communication et de l’information, nouveaux dispositifs de gouvernance, etc.), il est nécessaire d’innover dans les méthodologies de recherche et d’inclure de nouvelles approches (Jirón et Imilan, 2018). Cela implique  de tendre vers une plus grande interdisciplinarité, à la fois théorique, conceptuelle et épistémologique. Cela conduit à des innovations méthodologiques basées sur des méthodes de recherche qualitatives hybrides tant pour la production que pour la représentation de l’information. 

Les réflexions du colloque s’articulent autour de trois thèmes :
 
1. La complexité et les conflits de(s) politique (s) de l’habitat.
2. Repenser l’informalité et la précarité urbaine
3. La politisation des rapports des habitants à la nature en contexte urbain.


 

Dates importantes

Lundi 17 décembre 2018. Publication de l’appel.

Vendredi 15 mars 2019. Date limite de l’envoi des résumés.

Lundi 27 mai 2019. Communication des résumés acceptés et des directives pour l’envoi d’articles.

Lundi 9 septembre 2019. Date limite pour l’envoi des articles complets.

Jeudi 17 et vendredi 18 octobre 2019. Colloque international «Habiter les villes latinoaméricaines : Nouvelles approches et interdisciplinarité dans les recherches urbaines», à Paris, en France.

 

 

Comité Scientifique

 

Enrique Aliste (Université du Chili, Département de géographie, Chili)

Camillo Boano (University College London, Urban Laboratory, UK)

Luis Campos (Université du Chili, Institute du Logement, Chili)

Mercedes di Virgilio (Université de Buenos Aires, Institute de recherches Gino Germani, Argentine)

Laura Faxas (UNESCO-República Dominicana)

Yankel Fijalkow (Université Paris Nanterre, LAVUE-CRH, France)

Pedro Garcia Sanchez (Université Paris Nanterre, France)

Rodrigo Hidalgo (Université Catholique du Chili, Institute de géographie, Chili)

Walter A. Imilan (Université du Chili, Institute du Logement, Chili)

Claire Lévy-Vroelant (Université Paris VIII Vincennes-Saint Denis, LAVUE-CRH, France)

Michael Lukas (Université du Chili, Département de géographie, Chili)

Daisy Margarit (Université de Santiago, Institute des Hautes Etudes, Chili)

Gabriela Merlinsky (Université de Buenos Aires, Institut de recherche Gino Germani, Argentine)

Alain Musset (EHESS, France)

Marie-France Prevot Schapira (IHEAL-CREDA, Université Paris VIII, France)

Aurélie Quentin (Université Paris Nanterre, France)

Julien Rebotier (Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires, UMR 5193, France).

Ricardo Tapia (Université du Chili, Institute du Logement, Chili)

Doris Tarchópulos (Université Pontificale Javeriana, Colombie)

Sébastien Velut (Université Paris III Sorbonne Nouvelle, IHEAL, France)

 

Comité organisateur

Xenia Fuster Farfán (Université Paris VIII, CRH-UMR LAVUE)

Darysleida Sosa Valdez (Université Paris Nanterre, CRH-UMR LAVUE)

Chloé Nicolas-Artero (Université Paris III Sorbonne Nouvelle, IHEAL-UMR CREDA)

Yaneira Wilson Wetter (Université Paris Nanterre, CRH-UMR LAVUE)

 

 

Organisé par

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